Mutuelle de France Unie

Votre conseiller 09 69 39 96 96 (Appel non surtaxé)

L’eau : enjeu majeur du présent et du futur

Vie de la Mutuelle | Publié le 03 octobre 2023

Partager :  

En 2050, plus de deux milliards d’individus seront impactés par des pénuries d’eau. Entre le réchauffement climatique d’un côté et l’explosion des besoins liée à la démographie et à nos modes de vie de l’autre, la ressource se tarit.



Manquer d’eau en France ? Devoir se rationner ? Une perspective qui nous aurait paru impossible il n’y a pas si longtemps. Pourtant, chaque année depuis 2017, des restrictions d’eau par personne et par jour sont appliquées sur plus de 30 % du territoire. Le tarissement de nos ressources ne date pas d’hier.

En vingt ans, la ressource d’eau disponible a chuté de 14 % et pourrait baisser de 25 % d’ici à 2050. La cause ? Nous. C’est vrai en France et partout dans le monde : l’augmentation de la consommation suit la croissance démographique, l’urbanisation, l’industrialisation et l’agriculture intensive, qui sont autant de facteurs de pénurie d’eau. La demande en eau croît tandis que la ressource en eau douce est limitée, souvent mal gérée, et inégalement répartie. « Il faut choisir entre le champagne pour quelques-uns et l’eau potable pour tous », disait l’ancien président du Burkina Faso, Thomas Sankara.

Aujourd’hui encore, 2,2 milliards de personnes sur la planète n’ont pas accès à l’eau potable.

 

Des activités humaines hydrovores

Refroidissement, lavage, nettoyage, fabrication de divers produits : la production d’énergie, l’industrie chimique, l’industrie textile et l’industrie du papier consomment – et polluent – des quantités d’eau énormes. L’industrie utilise en moyenne 22 % de l’eau douce disponible dans le monde, avec des disparités. Dans les pays très industrialisés, indique l’Unesco, ce pourcentage atteint 50 %. L’industrie chimique fait vite grimper la consommation (elle représente environ 8 à 10 % de la consommation d’eau industrielle mondiale). Notons que, parmi les traitements chimiques, on compte aussi le traitement de l’eau potable et le traitement des eaux usées, qui requièrent aussi de grandes quantités d’eau !

La production d’énergie, quant à elle, y compris la production d’électricité à partir de sources thermiques et nucléaires, peut représenter jusqu’à 40 % de la consommation d’eau dans certains pays. Mais c’est l’agriculture qui consomme le plus. Selon la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture), l’irrigation pour les cultures représente environ 70 % de la consommation d’eau douce à l’échelle mondiale. Les cultures intensives, notamment celles du riz, du maïs et du coton, sont particulièrement gourmandes en eau.

 

Une ressource limitée et un droit fondamental

La sécheresse fait baisser le niveau des nappes phréatiques, mais les inondations, la fonte des glaciers, l’élévation du niveau de la mer ont aussi des conséquences sur la disponibilité et sur la qualité de l’eau. L’eau douce utilisable ne représente que 1 % du volume total d’eau terrestre. Et si « l’eau est le pétrole de demain », comme l’affirment certains, on trouve peu de ressources qui nous soient aussi essentielles. L’être humain ne survit que trois jours sans eau.

L’eau est à la fois une question écologique, sociale et économique. Sa raréfaction a des conséquences sur le plan de la santé, de la nutrition, de l’hygiène, de la production alimentaire, avec son cortège de conflits socio-économiques et géopolitiques. Le droit à l’eau et à un assainissement de qualité a été reconnu par l’ONU en 2010 comme « un droit fondamental essentiel au plein exercice du droit à la vie et de tous les droits de l’Homme ». Un droit bafoué, comme on sait, dans les pays du Sud, mais aussi en France où on estime que 2 millions de personnes sont en grande difficulté pour payer leurs factures et conserver un accès à une eau salubre. 300 000 personnes n’ont pas l’eau courante.

 

Le prix de l’eau

La nature de la gestion de l’eau – privée ou publique – pose donc question. Quand elle est gérée par des multinationales, la facture d’eau est de 10 à 25 % plus élevée que lorsqu’elle est gérée par un organisme public.

Cette ressource précieuse est d’un côté facturée au prix fort, de l’autre gaspillée et polluée par la grande industrie et l’agriculture intensive, parfois avec l’aide des acteurs publics.

 

La question du partage de l’eau au cœur des tensions

Si l’eau est un bien commun, comment expliquer la privatisation des ressources ? les inégalités entre les utilisateurs ?

La question du partage de l’eau, en particulier de l’eau douce, est au centre de grandes tensions entre les états et les populations. En France, l’article L. 210 – 1 du Code de l’environnement stipule que l’usage de l’eau appartient à tous et personne n’en est propriétaire. Ce n’est donc pas qu’un “bien” commun ; c’est aussi un “patrimoine” commun à protéger au nom de l’intérêt général. Le partage qui en découle doit permettre une gestion équilibrée des usages.

 

La gestion solidaire et écologique de l’eau, une utopie ?

Un “plan de sobriété sur l’eau” a été présenté au printemps, avec un volet sur les fuites qui représenteraient 20 % des volumes d’eau potable, et jusqu’à 50 % sur certaines communes.

Un des volets du plan concerne les progrès à réaliser sur la réutilisation des eaux usées : seul 1 % l’est aujourd’hui. Mais les spécialistes ont le sentiment que ce plan est resté au milieu du gué, notamment concernant l’exonération des agriculteurs de tout effort de sobriété, alors que l’eau d’irrigation est très peu chère, ou l’absence de mesures contraignantes pour l’industrie.

L’argument opposé est que la production agricole est d’intérêt général majeur. Certes, mais quand, alors, fera-t-on la promotion de pratiques agricoles durables ? À quand une tarification qui prenne en compte les usages ? À quand la protection des écosystèmes aquatiques ? Si chaque euro payé par les utilisateurs était investi dans la qualité de service rendu, nombre de défis pourraient être relevés... Une gestion solidaire permettrait aussi d’éviter les inégalités entre les régions en termes de tarification et de qualité d’eau. Il faudrait, en somme, une gestion publique, citoyenne, solidaire et écologique de l’eau.

 

 L’eau n’est pas qu’un “ bien” commun ; mais c’est aussi un “patrimoine” commun à protéger au nom de l’intérêt général. 

 

Source : Bonne Santé Magazine


Partager
Tweeter
Partager
Partager